Prévention et victim blaming

Chaque message a un impact.
Le contexte joue parfois plus que le message lui-même dans l’effet obtenu.

Je demande à mon fils de toujours regarder des deux côtés avant de traverser. C’est vrai même quand il est sur un passage piéton, même s’il a un feu vert, même si c’est un sens unique et qu’il n’y a personne qui devrait venir de gauche. Parce que c’est mon rôle de lui inculquer ce réflexe, je me permets de lui rappeler à chaque fois que je le vois oublier.

Ça c’est de la prévention.

Si par contre demain il se fait renverser ou manque de se faire renverser par un chauffard, ce ne sera pas une question. Je lui demande de prendre le réflexe pour éviter le problème. Lui parler anticipation à ce moment là c’est lui reporter une partie d’une faute qu’il n’a pas. Anticipation ou pas, ça ne le rend pas responsable à la place du chauffard, même partiellement.

Confondre les deux c’est le victim blaming. En français : « report de faute sur la victime » ou « faute de la victime ».


Quand les réseaux répondent systématiquement ou en masse des messages de prévention à quelqu’un qui se plaint d’une infraction ou d’une mise en danger, à cause du contexte ce n’est plus de la prévention mais du victim blaming.

Parfois c’est volontaire — et on le voit aux auteurs qui ne participent qu’à ça ou qui propagent habituellement la haine — et parfois non.

L’effet est malheureusement le même, celui de la création d’une culture de violence routière via la neutralisation de la culpabilité.


Image « attention angles morts » qui est apposée à l'arrière des camions et véhicules longs. Elle présente un camion avec dessiné autour, en jaune, les angles morts du dit camion.

L’autocollant « attention angles morts » est un bon exemple de cette dualité. Prévu comme un mécanisme de prévention, il a tendance à se transformer en renversement de responsabilité envers les victimes qui doivent éviter les mouvements des véhicules dangereux quand bien même ces derniers seraient en faute d’après le code de la route.


L’enjeu n’est pas tant ce qui est présent dans les discours ou sur les visuels, mais principalement dans quel contexte cela s’inscrit.

bande dessinée avec le dialogue entre un cycliste et un personnage représentant la mort.

— (mort) Soit le bienvenu dans le monde des morts
— (cycliste) J’étais prioritaire mais ce camion m’a coupé la route !
— C’était lui qui était en tort, hein ?
— Oui, mais c’est toi qui est mort
— Putain
Exemple de victim blaming, via une image qui est souvent présentée comme du bon sens et de la prévention, parfois de bonne foi, mais qui, parce qu’elle est systématiquement postée en réponse à une victime ou dans le contexte d’un débat autour d’une mise en danger, a l’effet opposé : Contribuer à plus de mises en danger et plus de morts.

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